The dance of the iceberg / La danse de l’iceberg
September 2021. For more than a week now, brought by one of these famous gales that I had taken for a storm, a magnificent iceberg has taken its quarters in the village bay. At this season, those that we see come from the numerous ramifications of the fjords in which we can find many glaciers. Those at the bottom of Kangertittivaq/Scoresby Sund, such as in Kangertertivarmît Kangertivat/Nordvestfjord, Rødefjord or Vestfjord are even in direct connection with the ice cap that covers Greenland via the Daugard-Jensen, Rolige and Vestfjord glaciers respectively. All these glaciers regularly release colossal masses of ice, this is called glacier calving. The icebergs coming from the ice cap are of a size that is hard to imagine, several hundred meters, or even a few kilometers long... And imagine their thickness. The other glaciers, independent of the ice cap, also calve numerous icebergs of very variable size and shape which can feed a whole imagination. All this ice universe drifts slowly in the narrow but deep fjords, according to the wind and the currents. In this month of September, we can distinguish along the south coast of the fjord, a majestic fleet that drifts slowly towards the mouth to join the East-Greenland current that will take them to the south of the country. These are "small icebergs" compared to those on the bottom of the fjord, residual fragments of the latter.
These icebergs usually drift, but if they are high and voluminous, they can rub the shallower bottom of the eastern part of the fjord, the widest, towards the mouth. A real contest of forces then begins, between the winds, the currents and the friction, and the iceberg always comes out on top. In the calm of the place, it is not uncommon to hear a deafening and heartbreaking cracking sound, it is the cry of the iceberg that splits, cracks and collapses. The smaller pieces must then rebalance themselves in a crash and tumult that is best avoided.
Our iceberg, the one we are interested in, has a singular shape. It looks like a sledge, with a long seat on which we can see dancers, small blocks of ice collapsing from the higher ledges. It looks like a vast liner on whose deck one can imagine bears wandering peacefully. According to the time of the day, and the light, this small world seems to agitate. In the early morning, we are in a blue-grey-white gradation, with darker shadows marking the movements of the ice debris, it is there that the bears wander, in the bright whiteness of the seat of the vast sledge.
In the setting sun, the deck has taken on a pale pink hue on which skilful dancers play, this warm color contrasts with the icy blue of the ship's bow and the black and cold waters of the fjord. It makes the link with the sun, like a colored caress. A real magic inhabits the fjord in these moments!
by / par Jeanne Gherardi
Septembre 2021. Depuis maintenant plus d’une semaine, amené par l’un de ces fameux coups de vents que j’avais pris pour une tempête, un magnifique iceberg a pris ses quartiers dans la baie du village. A cette saison, ceux que l’on voit viennent des nombreuses ramifications du fjords dans lesquelles on peut trouver de nombreux glaciers. Ceux du fond du Kangertittivaq/Scoresby Sund, tels que dans le Kangertertivarmît Kangertivat/Nordvestfjord, le Rødefjord ou le Vestfjord sont même en connexion directe avec la calotte glaciaire qui couvre le Groenland via les glaciers Daugard-Jensen, Rolige et Vestfjord respectivement. L’ensemble de ces glaciers libèrent régulièrement des masses colossales de glace, on appelle cela le vêlage des glaciers. Les icebergs en provenance de la calotte glaciaire sont d’une taille qu’on a du mal à imaginer, de plusieurs centaines de mètres, voir quelques kilomètres de longs… Et imaginer leur épaisseur. Les autres glaciers, indépendants de la calotte vêlent également de nombreux icebergs de taille et de forme très variables qui peuvent nourrir tout un imaginaire. Tout cet univers de glace dérive lentement dans les fjords étroits mais profonds, au gré du vent et des courants. En ce mois de septembre ; on peut distinguer le long de la côte sud du fjord, une flotte majestueuse qui dérive lentement vers l’embouchure pour aller rejoindre le courant est-groenlandais qui les emmènera vers le sud du pays. Il s’agit de « petits icebergs » comparés à ceux du fond du fjord, des fragments résiduels de ces derniers.
Ces icebergs dérivent le plus souvent, mais s’ils sont hauts et volumineux, ils peuvent alors frotter le fond moins profond de la partie oriental du fjord, la plus large, vers l’embouchure. S’engage alors un véritable concours de forces, entre les vents, les courants et les frottements, et l’iceberg en sort toujours vaincu. Dans le calme des lieux, il n’est pas rare d’entendre soudain un craquement assourdissant et déchirant, c’est le cri de l’iceberg qui se fend, se craque et s’effondre. Les morceaux plus petits doivent alors se rééquilibrer dans un fracas et un tumulte qu’il faut mieux éviter.
Notre iceberg, celui qui nous intéresse, a une forme singulière. On dirait un traineau, avec une longue assise sur laquelle on peut voir des danseurs, des petits blocs de glace qui s’effondrent des rebords plus élevés. On dirait un vaste paquebot sur le pont duquel on imagine des ours déambuler paisiblement. Selon le moment de la journée, et la lumière, ce petit monde semble s’agiter. Au petit matin, on est dans un dégradé de bleu-gris-blanc, avec les ombres plus foncées marquant les mouvements des débris de glaces, c’est là que les ours déambulent, dans la blancheur éclatante de l’assise du vaste traineau.
Au soleil couchant, le pont a pris une teinte rose pâle sur lequel des danseuses habiles s’amusent, cette couleur chaude contraste avec le bleu glacé de la proue du navire et les eaux noires et froides du fjord. Elle fait le lien avec le soleil, telle une caresse colorée. Une vraie magie habite le fjord dans ces moments-là !