Le Groenland face aux enjeux climatiques et géopolitiques

Par Jean-Michel Huctin

Publié dans la revue L'ELEPHANT - Hors série - Octobre 2020

Notre imaginaire occidental sur le Grand Nord, peuplé d’ours polaires et d’Esquimaux vêtus de fourrures pêchant sur la banquise, projette sur le Groenland des représentations stéréotypées ou anachroniques. Qui connaît en effet ce pays immense, la plus grande île du monde après l’Australie, autrement que par les récits anciens des explorateurs, le recul de ses glaces ou l’offre d’achat du président américain Trump ?

Le Groenland (Kalaallit Nunaat, de son nom officiel autochtone) et ses 56 000 habitants (en très large majorité Inuit) doivent pourtant faire face à des défis d’une ampleur inédite. Ils sont liés à la fois aux enjeux climatiques et à sa position géopolitique singulière qui attisent les convoitises des multinationales et les rivalités stratégiques des grandes puissances, de Washington à Pékin, en passant par Copenhague, la capitale du royaume danois auquel appartient le Groenland. Les rapports du GIEC dressent l’état des lieux : les régions polaires  se réchauffent deux fois plus vite que le reste du monde et sa cryosphère (ensemble des terres et mers gelées) se dégrade avec une ampleur et à une vitesse toujours sous-estimée. Cet été, alors que les records de chaleur se sont multipliés dans tout l’Arctique, une étude de l’université de Copenhague a confirmé que la banquise fond plus vite que tous les modèles climatiques l’avaient précédemment anticipé. En août dernier, une expédition scientifique, à bord du navire Polar Stern, est parvenue à atteindre le pôle Nord en six jours seulement : elle laisserait penser qu’une navigation polaire pourrait être possible l’été plus tôt que prévu, avant le milieu du siècle selon les prévisions les plus alarmistes…

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